C’est un personnage qui m’intéresse depuis longtemps mais autour du quel je tournais sans vraiment m’y intéresser. Un DVD à la médiathèque m’a convaincue de faire connaissance avec une des plus grandes reines d’Angleterre.
C’est celui-ci :
Elisabeth I de Tom Hooper avec Hellen Mirren
J’ai choisi ce téléfilm de deux fois une heure et demi, réalisé par HBO, plutôt que ce film :
Elisabeth l’âge d’or
Car je m’étais endormie devant Élisabeth L’âge d’or, au bout de quelques minutes. C’était peut-être pas le bon jour, il faudrait que je retente.
En tout cas, la version avec Helen Mirren est fantastique.
Le cœur et l’estomac d’un Roi
Elle a fière allure cette Reine, même si elle est engoncée dans sa large collerette. Cette élégance est peut-être dû à sa réputation : la femme forte d’Angleterre. Elle le fait sentir lorsqu’elle exhorte les troupes au courage. Sa déclaration est devenue célèbre :
» I know that I have the body of a weak and feeble woman. But I have the heart and stomach of a king. And of a king of England too »
C’était au camp de Tilbury en préparation de la contre-attaque contre l’Espagne. C’était en été 1588, et l’ennemi arrivait avec son Invincible Armada. Cette armée navale apparue au large de Plymouth et a été arrêtée par la flotte anglaise dont les effectifs étaient pourtant inférieurs. Celle-ci, dirigée par Howard of Effingham, avait sous ses ordres les grands noms de Francis Drake ou John Hawkins. Quand je suis allée à Plymouth, il y a quelques années, il était écrit que le célèbre Drake jouait tranquillement aux « bowls » (entre la pétanque et le bowling, j’y ai joué une fois en écosse, c’est… original…), sur la côte avant de prendre rapidement la mer, car les Espagnols venaient d’être aperçus au large !
L’histoire est à lire ici.
La statue de Francis Drake à Plymouth :
Francis Drake
La baie où il était spécifié que le corsaire jouait aux « boules » avant de s’apercevoir que les Espagnols arrivaient.
La baie de Plymouth
Et voilà comment Philippe-Jacques de Loutherbourg représente la bataille (peint à la fin du XVIIIe)
La défaite de l’Invincible Armada vue par Philippe-Jacques de Loutherbourg
Des favoris mais une poigne de fer
Mais revenons-en à Elisabeth I. Ce qui m’a frappée dans le film de HBO, c’est d’abord ses deux facettes. Sa grande lucidité politique, sa détermination, sa fine compréhension des affaires de l’Etat était l’aspect que je voulais voir. Mais en plus de ces grandes qualités, j’ai découvert une femme agitée de terribles passions qui la font réagir de façon pas toujours appropriée. Ses nombreuses relations amoureuses lui font faire des choix peu justes. Elle joue de ses prétendants. Elle est égoïste avec son ami de toujours et amant : Leicester (Robert Dudley), et jalouse de la femme qu’il est bien en droit d’avoir, puisque la reine ne l’épousera jamais.
Elle offre des taxes du vin à son favori suivant le comte d’Essex (Robert Devereux) pour lui fournir un revenu, lui interdit de rejoindre une équipée contre l’Espagne pour le garder près d’elle, et pire : le fait entrer au conseil alors que politiquement, les raisonnements de cet homme sont hasardeux.
Sa passion pour Essex est si dévorante qu’elle prend une place énorme dans le second DVD, ce qui m’avait refroidie. Je n’aime pas trop les romances, fussent-elles des Rois, quand elles prennent toute la place. Mais au final, cela se justifie et ne m’a pas dérangée. Car Elisabeth, même quand elle flanche, reprend toujours le dessus. Elle ira jusqu’à faire exécuter Essex en 1601. C’est ce que je retiens de ce personnage. Elle aspire à une vie propre, mais elle finit toujours par faire passer son pays avant tout. Quand ses amours la conduisent à des actes peu responsables, elle sait toujours retrouver sa lucidité et agir fermement, radicalement. Le comte d’Essex l’aura expérimenté à ses dépends.
Les Tudors de Liliane Crété
Le livre que j’ai lu pour appronfondir mes connaissances, Les Tudors de Liliane Crété, le confirme et montre que le film de Tom Hooper est bien documenté. La Reine s’est fait connaître pour sa versatilité. Elle refuse de se marier, hésite sous la pression du conseil, puis propose sa main au comte d’Anjou en France, puis d’Alençon (qui devient Anjou à la mort du premier), se prend au jeu, comprend ce qu’elle a à perdre et se rétracte. Avec grandeur.
Exécution de Mary Stuart
Elisabeth a toujours détesté les révoltes, ceux qui s’en prennent à leurs princes. Ainsi, elle a beaucoup hésité avant d’exécuter Mary Stuart, sa cousine, qui avait pourtant fomenté un complot contre elle. (Ne pas confondre avec Bloody Mary qui est Mary Tudor. Je faisais l’amalgame avant). Mais le titre de princesse la retient de prononcer la sentence. Elle reviendra sur sa décision plusieurs fois, poussée d’en finir par le conseil.
Tout ça pour dire, qu’elle est un personnage historique fascinant. La Reine Vierge, qui a donné son nom à la Virginie en Amérique (une idée du navigateur Walter Raleigh), n’a pas livré tous ses secrets. Alors que son père était obsédé par la succession : elle n’a jamais voulu se marier.
Shakespeare parle d’elle en ces mots dans Henri VIII:
Elle sera aimée et crainte. Les siens la béniront.
Ses ennemis trembleront comme le fait un champ de blé
Dont les épis abattus s’inclinent tristement. Le bien
Croîtra avec elle. En son temps chacun mangera en sûreté
Sous sa vigne, ce qu’il aura planté et chantera
De joyeux airs de paix pour tout le voisinage.
Cela paraît étrange car Shakespeare est décrit dans cet ouvrage comme l’auteur d’une pièce visant à faire déposer Elisabeth (en mettant en scène la déposition de Richard II).
Une chose est sûre, l’ouvrage est catégorique : Elisabeth a apporté la paix. Après les déboires qu’à connu l’Angleterre avec Henri VIII et ses six épouses (dont deux décapitées : Anne Boleyn et Catherine Howard. Au sujet de la première voir le film Deux soeurs pour un Roi, de Justin Chadwick avec Nathalie Portman, perso j’ai adoré), puis Bloody Mary et sa politique pro-espagnole qui la mène en guerre contre la France et lui fait perdre Calais, le règne d’Elisabeth a été dirigé vers la paix.
Ce livre m’a aussi permis de retrouver le nom d’un personnage dont j’ai déjà parlé dans un billet précédent : le duc de Médina Sidonia. Cet article sur mon bilan de livres historiques. Dans Le voleur de vent, qui se déroule à la même époque, la greluche qui a mal au ventre quand elle est amoureuse est la duchesse Médina Sidonia. Je crois qu’elle est la fille de cet illustre personnage : (article wikipédia)
Pour finir, je n’ai pas vu la série récente Les Tudors. Enfin si les dix premières minutes mais j’ai pas accroché. J’ai peur que ça soit trop à l’eau de rose, mais ce n’est peut-être qu’un préjugé. Quelqu’un sait?